"Nous sommes une espèce de planète psychiatrique. Combien de souffrances produisons-nous ? "Pierre Rabhi
Gog et Magog
En 2003, le professeur de
théologie de l’Université de Lausanne
Thomas Römer reçoit un coup de téléphone du palais de l’Elysée. Les
conseillers de Jacques Chirac souhaitent en savoir plus sur Gog et
Magog… Deux noms mystérieux qui ont été prononcés par George W. Bush
alors qu’il tentait de convaincre la France d’entrer en guerre à ses
côtés en Irak.
Dans sa livraison de
septembre, la revue de l’Université de
Lausanne (UNIL) » Allez savoir » révèle cette histoire qui pourrait
sembler rocambolesque si, comme le souligne le rédacteur en chef d’ »
Allez savoir » Jocelyn Rochat, elle ne révélait pas les soubassements
religieux de la politique de Bush.
Prophétie apocalyptique Bush aurait déclaré à Chirac que Gog et Magog
étaient à l’œuvre au Proche-Orient, et que les prophéties bibliques
étaient en train de s’accomplir. C’était quelques semaines avant
l’intervention en Irak. Stupéfaction du président français, à qui les
noms de Gog et Magog ne disent rien.
Dans » Allez savoir » , Thomas
Römer précise : Gog et Magog
sont deux créatures qui apparaissent dans la Genèse, et surtout dans
deux chapitres des plus obscurs du » Livre d’Ezéchiel » de l’Ancien
Testament. Prophétie apocalyptique d’une armée mondiale livrant
bataille finale à Israël.
» Cette confrontation est voulue par Dieu, qui veut profiter de ce
conflit pour faire table rase des ennemis de son peuple, avant que ne
débute un âge nouveau » , poursuit Thomas Römer.
Pour lui, George W. Bush n’est
pas le premier à chercher une
incarnation de Gog et Magog sur terre. Ronald Reagan avait estimé que
la guerre froide et l’existence de la bombe atomique rendaient
réalisable la prophétie d’Ezéchiel…
Si l’Université de Lausanne révèle aujourd’hui les explications
fournies par Thomas Römer à Jacques Chirac, c’est que ce dernier a
quitté l’Elysée.
Pour Jocelyn Rochat, ce
petit secret d’alcôve de la politique
internationale soulève une vaste question : notre inculture religieuse,
la méconnaissance des Ecritures, à l’heure où les soubassements
religieux sont beaucoup plus déterminants que l’on voudrait bien le
croire dans les décisions politiques et militaires. Le religieux n’est
pas confiné à la sphère privée, conclut Jocelyn Rochat. Un paramètre à
prendre en compte, » sous peine de ne plus rien comprendre à la marche
actuelle du monde » . SOURCE